
Article "à la Une" Quels usages de l'intelligence artificielle dans les marchés publics ?
Selon France Stratégie, l’intelligence artificielle (IA) correspond à « des technologies visant à réaliser par l’informatique des tâches cognitives traditionnellement effectuées par l’humain ». Aujourd’hui, l’IA intervient dans de nombreux secteurs d’activités tels que la santé (ex. : assistance dans le diagnostic médical), les transports (ex. : voiture autonome) ou encore dans les bâtiments tertiaires (ex. : gestion optimisée des consommations d’énergie).
A côté de l’IA, il existe également l’intelligence artificielle générative (IAG) qui est une « une intelligence artificielle capable de générer des images, des vidéos, voire de la musique » selon BPI France. En pratique, les IA génératives produisent des contenus en s’appuyant sur un modèle de langage (« Large Language Models » (LLM)) entraîné sur une (très) large base de données. En pratique, les contenus générés peuvent être du texte (ex. : ChatGPT), des images (ex. : Midjourney) ou encore de la musique (ex. : Udio).
Parallèlement au développement des outils d’IAG « grand public », des outils métiers se développent dans de nombreux secteurs y compris pour les marchés publics tant pour les candidats aux marchés publics que pour les acheteurs publics.
1. Pour les candidats aux marchés publics
a. La veille des marchés publics
S’il existe de nombreuses solutions de veilles commerciales des marchés publics pour les entreprises, certaines solutions s’appuient sur l’IA pour aller plus loin dans la veille. Plus précisément, des solutions réalisent la veille des procédures des marchés publics et permettent de faire ressortir directement les informations structurantes du DCE (ex. : allotissement, montant estimé, critères, le montant des pénalités…) pour l’entreprise afin de lui permettre de mieux analyser.
L’objectif principal est de gagner du temps aux candidats en identifiant rapidement les points bloquants et/ou les risques prédéterminés par l’entreprise et in fine prendre une décision de Go / no Go.
Au-delà de la veille des procédures en cours, ces outils permettent également d’alerter les entreprises du renouvellement à venir de la procédure de marchés publics au regard de la durée renseignée dans le précédent marché.
Au-delà de ces quelques fonctionnalités, certains outils proposent également des modules pour accompagner les entreprises à générer la réponse.
b. La production de la réponse à une procédure de marchés publics
L’IAG peut également être un support pour améliorer ou générer une réponse à une consultation. Ainsi, les IAG telles que ChatGPT ou Copilote peuvent améliorer la rédaction (orthographe, formulation, grammaire), modifier la structure d’un mémoire technique et/ou générer du contenu.
Au-delà de ces aspects formels, certains outils vont plus loin en permettant de générer le mémoire technique. En pratique, il convient de rappeler que l’outil va plutôt créer un template (modèle) avec un début de contenu qu’il conviendra de modifier / compléter par des données techniques, financières et calendaires propres à l’entreprise.
En effet, si l’IAG peut aider les entreprises dans la rédaction d’un mémoire technique, la matière première (la donnée) résulte nécessairement de la responsabilité de l’entreprise afin d’apporter une réponse conforme, adaptée et pertinente au besoin exprimé dans le cahier des charges par l’acheteur public.
A côté de ces possibilités offertes par l’IAG pour les candidats aux marchés publics, elle peut apporter des solutions aux acheteurs publics également.
2. Pour les acheteurs publics
a. Le benchmark des clauses des marchés
Parmi la valeur ajoutée des solutions utilisant l’IAG, le benchmark des clauses des marchés est particulièrement intéressant pour les acheteurs publics. En effet, ces solutions permettent d’identifier, dans une base de DCE, les clauses recherchées et ainsi procéder à un benchmark.
Le principal intérêt de cette fonctionnalité est de trouver rapidement des clauses analogues déjà utilisées dans des DCE, de les comparer et, le cas échéant, de les adapter à sa propre consultation.
Outre cette fonctionnalité puissante de recherche, il existe d’autres fonctionnalités possibles comme l’analyse des offres.
b. L’analyse des offres
Certains outils font encore plus en proposant une solution de contrôle de la conformité des offres à votre cahier des charges puis de l’analyse des offres au regard d’un critère déterminé. Si cette solution peut sembler séduisante, l’analyse des offres doit rester une tâche qui incombe à l’acheteur public et qu’il est capable de justifier.
Outre la phase de passation, l’IA peut avoir un intérêt dans le cadre de l’exécution.
c. L’exécution des marchés publics
L’exécution des marchés est une phase où l’IA peut avoir une pertinence ; aussi, l’IAG peut servir à générer un compte-rendu automatique de réunion organisée en visioconférence avec un titulaire de marché, contrôler certains documents administratifs (attestation d’assurance, attestation de vigilance) ou accompagner dans la planification et le suivi d’un marché de travaux.
Conclusion
Nous ne sommes encore qu’au prémices du développement de l’IAG et nous savons déjà qu’elle viendra modifier notre quotidien personnel et professionnel !
En effet, dans l’étude « Tendances et Priorités des Départements Achats en 2025 » réalisée par Agile Buyer avec le Conseil National des Achats (CNA), il ressort que plus de la moitié des départements achats (52%) pensent que l’IA va à la fois faciliter leurs tâches actuelles et transformer leur façon de travailler et, pour 42% des répondants, l’IA sera le premier outil à impacter leurs directions achats.
En détail, l’IA sert en premier lieu au reporting et aux tableaux de bord (à 63%) puis au sourcing (47%) et enfin à l’approvisionnement (40%). En outre, il convient de relever que 32% des directions achats déclarent utiliser un outil d’IA pour rédiger les cahiers des charges.