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Article "A la Une" La transformation du métier d'acheteur

Article "A la Une" La transformation du métier d'acheteur

Par Laetitia

Si la fonction première d’un acheteur public est bien d’acquérir des biens, services et travaux afin de répondre à un besoin dans des conditions économiques optimisées et dans le respect du code de la commande publique, d’autres objectifs leur ont été assignés au fur à mesure de l’évolution du contexte économique, politique et sociétale en France.

Ainsi, avec l’objectif de baisse des dépenses publiques de la fin des années 2000, les gains achats sont devenus l’un des premiers objectifs des acheteurs publics. Parallèlement, au regard du poids des marchés publics dans le PIB, l’acheteur public a été mobilisé pour faciliter l’accès des PME et ETI à la commande publique. Enfin, suite à la prise de conscience du réchauffement climatique, les marchés publics doivent désormais prendre en compte des considérations environnementales.

Ces différents objectifs (parfois contradictoires) ont fait évolué l’acte d’achat (public) vers un acte juridique, économique et politique. Face à ces changement structurants, les acheteurs publics ont du évoluer et ils continuent de se transformer en devant désormais faire « office de » plusieurs fonctions.

1.    Etre « chef de projet »

La multitude d’intervenants, les différentes phases à articuler et le respect du calendrier conduit naturellement l’acheteur public à être un « chef de projet ».

En effet, la fonction du chef de projet est d’organiser et conduire les différentes phases d’un projet dont il en assume la gestion. Ainsi, l’acheteur ne doit plus se limiter à gérer uniquement ses tâches mais doit également mobiliser les différents acteurs au bon moment et avec la bonne intensité comme un chef d’orchestre avec ses musiciens.  

Cette position lui octroie une vision 360° sur le projet et fait également de lui un « business partner » des autres directions.

2.    Etre « business partner »

Avec la prise de conscience du caractère stratégique des achats, l’acheteur est devenu le « business partner » des autres directions. 

En effet, au-delà de « simplement » acheter, l’acheteur doit être force de propositions et accompagner les autres directions dans la prise de décisions dans le respect de la règlementation. Cette relation partenariale entre directions doit permettre d’optimiser la performance des achats tout en améliorant la qualité des services rendus aux utilisateurs finaux (citoyens, usagers et/ou agents). 

Toutefois, ce rôle de « business partner » est nécessaire mais n’est plus suffisant.

3.    Etre « contract manager »

Dès que le marché est attribué, l’acheteur doit gérer la partie administrative (avances, acomptes, pénalités, contrôle des certificats sociaux et fiscaux, révisions des prix, admission / réception…) mais doit surtout amener le contrat à son terme en garantissant sa bonne exécution, en maitrisant les coûts et le calendrier tout en maintenant une relation équilibrée avec le fournisseur et en limitant l’exposition aux risques pour l’entité publique.

L’acheteur public se transforme alors en « contract manager » en charge de la gestion opérationnelle durant toute la vie du contrat.

Avec la crise du COVID 19, le rôle de facilitateur du « contract manager » a pris tout son sens afin de répondre aux diverses interrogations et urgences des directions métiers.

Enfin, dans le cadre du suivi opérationnel du contrat, l’acheteur public se mue également en « chargé de mission RSE ».

4.    Etre « chargé de mission RSE »

Le développement des enjeux sociaux et environnementaux dans la commande publique se matérialise par la fixation d’objectifs et la création d’obligations faisant encore évoluer les missions d’un acheteur.

En effet, les lois successives (ESS de 2014, TECV de 2015, AGEC de 2020 et Climat et résilience de 2021) obligent l’acheteur public à prendre en compte les considérations environnementales et sociales dès la définition des besoins et de suivre les engagements contractuels des titulaires pendant toute la durée du contrat.

Ces nouvelles obligations font de l’acheteur public une sorte de « chargé de mission RSE ». De plus, l’acheteur sera évalué sur sa capacité à prendre en compte de telles considérations dans ses projets d’achat à travers, notamment, le Schéma de Promotion des Achats Socialement et Ecologiquement Responsables (SPASER) et le nouveau Plan National des Achats Durables (PNAD) pour la période 2021-2025.

Conclusion : 

Ces évolutions du métier d’acheteur public ont été identifiées dans le rapport d’information relatif aux différentes missions confiées par l’administration de l’État à des prestataires extérieurs (outsourcing) publié par l’Assemblée Nationale le 24 janvier 2022. En effet, ce rapport préconise, notamment, de « valoriser et développer la fonction de chef de projet et de contract manager au sein de la sphère publique » afin de mieux suivre certains types de marchés publics comme les marchés de prestations intellectuelles.

Au delà de ces préconisations, l’acheteur public doit aujourd’hui conjuguer des compétences techniques (« hard skills ») et des compétences comportementales, transversales et humaines (« soft skills ») pour réussir son acte d’achat.